la relativité restreinte :  contraction des longueurs

3.4.a La contraction des longueurs :

        Imaginons un objet tout à fait quelconque et une personne au repos observant celui-ci dans le référentiel terrestre; il va apparaître de taille normale quand il sera au repos par rapport à cette personne. Comment l’individu verra-t-il l’objet quand ce dernier sera en mouvement ? Nous pouvons répondre à cela du fait que   Δx = k (Δx’ + v Δt’)  . Or si nous observons celui-ci il faut que la distance séparant les deux extrémités de l’objet soit prise au même moment. L’intervalle de temps entre les deux mesures est donc nul, cela signifie que   Δt’   est égal à   0 . Il en résulte donc que   Δx = k Δx’  ; au repos la longueur de l’objet sera de   Δx’   tandis qu’en mouvement elle sera de   k Δx’  , elle sera donc plus petite que quand il est au repos.

La relation inverse peut aussi être observée ici   (Δx’ = k Δx ) .

L’objet va paraître moins grand quand il est en mouvement.

         Nous venons de voir qu’une contraction des longueurs est possible, mais ne serait-ce pas qu’une illusion d’optique ? Comment un objet pourrait-il rétrécir ? Cela peut nous paraître impensable.

Il est tout à fait légitime de penser que c’est irréaliste, en fait cela dépend de notre vision des choses et notamment de notre vision en trois dimensions.

En effet nous ne pouvons voir au-delà de trois dimensions tout comme des êtres ayant une vision en deux dimensions ne pourraient pas voir la troisième. Nous, nous ne pouvons observer ce qu’il se passe dans la quatrième. Donc quand nous voyons l’objet nous le voyons plus petit, mais cela n’est pas qu’une impression, il est ainsi dans nos trois dimensions.

Mais pour pouvoir l’expliquer il va falloir parler plus amplement de ce que l’on appelle dimension et aussi de celles que nous sommes aptes à observer.

 

        3.4.b Dimensions et espace-temps :

         Il existe différentes dimensions, nous en connaissons trois : la première est la longueur, la seconde résulte en la longueur et la largeur (ce qui est représenté par un plan) tandis que la troisième en la longueur, la largeur mais aussi en la hauteur (c’est-à-dire un volume). Un être ne pouvant voir qu’en deux dimensions ne pourrait pas voir la troisième. Prenons un exemple pour illustrer cela : prenons un bâton, lorsqu’il est à l’horizontal nous voyons son ombre sur le sol, celle-ci a une longueur bien définie. Mais si nous faisons pivoter le bâton en l’inclinant vers le haut par exemple, l’ombre va rétrécir. Les “personnes” ne pouvant voir qu’en deux dimensions ne verraient que cette ombre et donc pour eux elle rétrécit, ils ne pourraient pas voir que c’est causé par le pivotement du bâton puisque celui-ci appartient à la troisième dimension ( vous pouvez regarder les schémas ci dessous pour mieux comprendre cela).

 

De plus nous pouvons montrer qu’un objet à une dimension spatiale, c’est-à-dire à une longueur seulement, possède un espace-temps à deux dimensions. En effet imaginons que deux points se rapprochent comme sur la figure a ( ce sont des points et non des ronds car ces derniers se composeraient de deux dimensions), c’est donc une représentation à une dimension.

Mais il y a moyen de représenter cela en deux dimensions, la deuxième étant le temps (figure b)

Ce que nous pouvons observer sur la figure a n’est donc qu’une partie de la b (cette partie visible est symbolisée par la fente sur le dessin, une fente par laquelle nous verrions les deux points à un moment donné ; alors qu’en deux dimensions nous verrions deux lignes se croisant. Cette fente peut bouger afin de voir les points à différents moments. L’animation se situe en annexe). C’est la même chose qui se passe quand des êtres ne peuvent observer que des objets à deux dimensions. Donnons un exemple: un disque décrivant un mouvement circulaire et un carré tournant sur lui-même. Ces entités ne verraient donc que le cercle et le carré dans un état de mouvement.

Mais si nous représentions ce mouvement en trois dimensions nous obtiendrions le schéma suivant. Le disque et le carré que nous pouvons observer en deux dimensions ne sont donc en fait que des coupes d’un tuyau et d’une torsade carrée.

Pour le schéma, cfr annexes ( représentation en 3D)

C’est la même chose qui se passe lorsque nous voyons un objet en trois dimensions, il n’est en fait qu’une partie d’un objet en quatre dimensions ; partie que nous ne voyons qu’à un moment donné. De plus quand nous voyons un volume et que nous regardons ce même volume quelques minutes plus tard, celui-ci ne sera pas la même. Il y aura eu en effet des mouvements au niveau des atomes ; ils auront changé de place.

Tout objet à une dimension possède un espace-temps à deux dimensions ; il en est de même pour un objet à trois dimensions, il possède un espace-temps à quatre dimensions. Donc lorsque l’objet acquiert une vitesse proche de celle de la lumière, sa représentation en trois dimensions rétrécit par rapport à la représentation du même objet à une vitesse moins importante ( négligeable par rapport à celle de la lumière). Est-ce une illusion due au fait que nous ne sommes pas capables de voir celui-ci dans son entièreté ?

Non, cela n’est pas une illusion. Prenons l’exemple d’une perche qui se déplacerait à une vitesse de 0,995 c. Alors qu’à la “normale” elle aurait été plus grande  de deux bons mètres que la longueur d’un entrepôt, à cette vitesse elle est légèrement plus petite. Donc si elle passait à l’intérieur de l’entrepôt, nous pourrions refermer les portes de celui-ci, tout en sachant qu’il faudrait les rouvrir très vite afin que la perche puisse passer. Deux dessins ci-dessous permettent d’illustrer ce phénomène.

Maintenant il faut aussi éclairer un point :  il n’y a pas de compression physique de l’objet, c’est juste que nous voyons une coupe différente, due à sa vitesse, de celui-ci en quatre dimensions; en vérité sa longueur ne change pas mais pour nous qui ne voyons que cette coupe en 3D celle-ci est différente selon la vitesse du mobile; mais ce changement est réel. L’objet n’aura fait que pivoter dans la quatrième dimension, nous, ne pouvant voir qu’en trois dimensions, nous verrons ce dernier rétrécir. C’est exactement le même phénomène qu’avec le morceau de bois et son ombre.

 Nous venons de voir dans ces deux derniers chapitres que l’espace et le temps ne sont pas absolus, ils sont relatifs. Le concept d’absolu doit être abandonné dans ce cas-ci puisque d’un côté le temps n’est pas le même pour tout le monde puisqu’il varie selon la vitesse mais d’autre part parce que l’espace peut lui aussi varier. Par contre l’espace-temps, lui, est absolu, il est le même pour tout le monde. En d’autres mots l’espace et le temps sont relatifs mais la combinaison des deux est absolue.


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